L'Initiative Yasuní-ITT

L’Initiative Yasuní-ITT (Ishpingo-Tambococha-Tiputini) est un projet du gouvernement équatorien, qui vise à laisser 20% des réserves de pétrole de l'Équateur sous terre, en échange d’une contribution financière équivalente à 50% de ce qu’il pourrait gagner s’ils exploitaient ces réserves. Ce projet souhaite éviter l’exploitation d’environ 850 millions de barils de pétrole dans une zone située dans le Parc National Yasuní, déclaré Réserve Mondiale de la Biosphère par l'UNESCO .

Partant du principe de responsabilité commune mais différenciée par rapport aux problèmes environnementaux globaux, exposé par l’Organisation des Nations Unies (ONU), l'Équateur demande à la communauté internationale une contribution de 3,6 milliards de dollars d’ici 13 ans.

Avec l'Initiative Yasuní-ITT, l’Équateur est devenu un référent mondial pour la préservation de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.Cette initiative ne bénéficiera pas seulement à l'Équateur mais à l’humanité dans son ensemble puisqu’elle évitera l’émission d’environ 410 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) ainsi que la déforestation, en promouvant de cette manière la conservation de la biodiversité de l’Amazonie mais aussi le respect des « Peuples et Nationalités Indigènes » qui vivent sur ce territoire.

Le 3 août 2010, trois ans après le lancement de l'Initiative et sous un souci d'efficacité, l’Équateur et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ont signé un accord qui a permis la création d’un fidéicommis ou fonds fiduciaire, pour accueillir les contributions financières de la communauté internationale. L’argent provenant de ces contributions sera destiné au « fonds de capital » qui permettra le développement de sources renouvelables d’énergie hydraulique, géothermique, éolienne ou solaire, avec pour objectif de mettre en œuvre le plan de transition de la matrice énergétique au niveau national et de réduire progressivement l’utilisation de combustibles fossiles.

Ce « fonds de capital » génèrera un taux d’intérêt de 7% qui alimentera le « fonds de rendement » pour travailler dans cinq secteurs :
  1. Éviter la déforestation et conserver de manière effective 44 aires protégées qui représentent 4,8 millions d’hectares, c’est-à-dire 20% du territoire équatorien;
  2. Reboiser et régénérer naturellement un million d’hectares d’écosystèmes dégradés en réduisant le taux de déforestation de l’Équateur, un des taux les plus importants d’Amérique latine ;
  3. Développer une plus grande efficience énergétique ;
  4. Commencer le remboursement de la dette sociale avec une attention prioritaire à la population amazonienne, en investissant dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’habitat et dans la création d’emplois dans des activités soutenables comme l’écotourisme ;
  5. Investir dans les sciences et technologies avec comme objectif, à moyen et long terme, de passer du modèle hégémonique de développement au modèle du « Bien-Vivre », Sumak Kawsay.
L'Initiative Yasuní-ITT représente un premier pas vers la construction d’un nouveau modèle de civilisation dans lequel on peut articuler justice sociale et urgence climatique. Elle représente une alternative pour questionner le modèle d’extraction des ressources naturelles en même temps qu’une option pour construire une société basée sur le principe fondamentalement indigène de « Bien-Vivre ». D’où son articulation avec le Plan national pour le Bien Vivre 2009-2013 (PNBV) -feuille de route destinée à guider les politiques gouvernementales avec une vision sur 20 ans-, son intégration dans une vision nationale plus ample et le changement de modèle de développement pour aller vers la société de la bioconnaissance, comme le propose le gouvernement équatorien.

L’Initiative Yasuní-ITT nous propose une nouvelle vision de la société et du développement qui ne correspond pas à la recherche exclusive de la richesse et de la croissance mais à l’amélioration des relations entre les êtres humains et entre ces derniers et la nature.

Tous ces concepts (Bien Vivre, Droits de la Nature, Bioconnaissance, Plurinationalité, Interculturalité, entre bien d'autres), actuellement promus dans la Constitution équatorienne, nous font passer de la vision anthropocentrique qui perçoit la nature comme un simple objet de valeur auquel, en accord avec son « utilité commerciale », on peut lui assigner des valeurs d’usage ou d’échange, à une logique biocentrique dans laquelle toutes les espèces vivantes, animées ou inanimées, ont une importance égale et méritent d’être protégées.

L’Initiative Yasuní-ITT est un pilier fondamental de l'actuelle politique du gouvernement équatorien : elle suscite le paiement de la dette sociale grâce au déroulement d’activités soutenables, le changement de la matrice énergétique et productive, en même temps qu’elle promeut la récupération environnementale en détenant la déforestation et la dégradation des forêts et des sols et la création de nouveaux liens entres sociétés et avec la natures. 

Pour plus d'information, visitez le site internet officiel de l'Initiative Yasuní-ITT.